Fatigue de fin d’année, un peu de craquage après bientôt deux années de galère avec une langue que je pensais bien acquise…Je ne sais pas vous mais il semblerait que les Versprecher, ces dernières semaines, me cherchent sciemment. Je me demande s’ils ont une conscience propre: c’est peut-être une forme de harcèlement? Une malédiction de fin d’année? Je confonds allègrement des choses basiques, et ca tous les jours. Voir notamment toute ma frustration envers la langue allemande dans cet article.
Avant de retourner passer quelques jours en terre natale dans ce paradis de la non-hésitation et du non ridicule langagier (vous ne connaissez pas votre chance si vous échappez à ces deux données), je me suis mise en tête de collectionner tous les versprechers ou dialogues de sourds un peu amusants que j’ai entendu ces derniers temps.
Pas pour me moquer, mais pour me dire qu’au moins, je ne suis pas la seule. J’inclus des choses vues, lues, entendues, en francais ou en allemand, de sombres estrangers perdus comme moi ou bien de vrais natifs un peu fatigués. (Je vous épargne Rachida Dati, contents?)
Voici donc mon top 5, en ordre plus ou moins croissant:
1-
« En face de chez moi, ils ont fait une grande maison pour pouvoir faire de l’esclavage. Je suis d’accord, pas de problème, mais pourquoi devant chez moi? «
Vérification faite, il s’agissait d’escalade. Et dire que je commencais déjà à bouillir un peu intérieurement…
2-
« Ich bin enttäuscht, dass es hier so ist. Alles verwirrend bei Euch. »
Ne pas confondre enttäuscht et erstaunt…
3-
« Einer hat sich verletzt, so der Hausmeister. Aber wer? »
« Wieso fragst Du « wer? » wenn Du gerade « Heiner » gesagt hast? »
« Ich habe nicht Heiner gesagt, sondern « einer ». »
« Also Rainer meinst Du. Alles klar. Also ich glaub es nicht. Ihm geht’s doch gut. »
« … »
4-
« Ah, vous êtes aussi un fumier! »
Fumier, fumeur…na ja.
5- Là franchement, il fallait le faire…Mais l’intéressée a-t-elle seulement été informée de sa bourde??
Mes sources:
- mes amis, mes oreilles (tiens la formule a un relent de Marc Levy. Toutes mes excuses).
- la radio
- un ou deux sites qui les collectionnent, trouvable ici et là.
Et vous, un témoignage à faire? Allez, dites-moi que vous êtes témoins ou victimes vous aussi
Ma mère (origine alsacienne, mais qui a appris l’Allemand il y a de nombreuses années, confond enttäuscht et begeistert (demande pas pourquoi, la logique n’est pas de notre famille), ce qui prête à rire quand elle s’exstasie devant le Berlinois en affirmant « Berlin m’a tellement, tellement déçue »…
et mon préféré c’est Durchwahl/Durchfall jette un oeil ici : http://chosesetautres.wordpress.com/?s=durchfall
En effet, le Berlinois doit être assez perplexe l’espace de 3 micro secondes…et on le comprend. Pour « durchwahl », je suis allée voir, j’ai appris quelque chose de plus et évité un versprecher potentiel :). Merci!
Ah oui, des Versprecher j’en fait tout le temps. Il semblerait que mon cerveau enregistre les mots en tenant compte seulement des 3 premières lettres. En français ça allait encore, par contre en allemand, confondre tous les mots qui commencent par « ver- », ça craint…
Moi mon problème c’est plutôt « ce paradis de la non-hésitation et du non ridicule langagier ». J’ai tendance à perdre un peu mon français. Ou plutôt pas vraiment le perdre, mais parfois je bloque car j’essaie d’exprimer un concept pour lequel le français n’a pas d’équivalent. Ici, je suis entouré de gens qui parlent aussi anglais et allemand, donc je peux prendre un mot de l’autre langue, mais avec la famille ça ne marche pas (ce sont de vrais français, i.e. monolingues) alors j’invente une horrible traduction et on se moque de moi « l’expatrié qui perd son français ».
PS: je pense que je parle aussi de plus en plus français avec un accent allemand. Mon anglais aussi a tendance à prendre un accent franco-allemand. Il n’y a que l’allemand qui garde l’accent français. ach ach!
Ummm, si je comprends bien ce que tu nous dis là, au bout d’un certain temps, tu perds à la fois l’aisance avec ta langue maternelle et celle avec ta langue d’adoption. Youhou, je vais devenir encore plus chèvre semblerait-il…
Pour être honnête, en ce qui concerne le français, je n’ai pas vraiment de difficulté à exprimer ce que je veux, même si ce n’est pas toujours facile de traduire certains concepts allemands. Par contre, je fais des copiés-collés de certaines expressions: « ça sonne bien » (grande marque d’enthousiasme, parfois prise pour une forme de naïveté absolue), « ça fait sens », « tout va aller bien »…Etc., etc.
Par contre pas d’accent allemand en français ou en anglais!! Me manque du galon pour ça!!
Hahaha ! J’aime beaucoup… Moi je suis dans la confusion des langues : le chinois vient à la place de l’anglais avec un ou deux mots de hindi et deux trois structures françaises. Et si je suis vraiment très fatiguée, vraiment, j’ai même des mots d’allemand qui surgissent va savoir d’où… : !
Chouyo, je crois que tu es dans la classe au-dessus. Et puis de toutes facons tu vis dans un pays où les langues sont multiples à la base! Mais bon, je te tire mon chapeau. Et j’anticipe les conversations avec toi quand on arrivera à se voir: « Hallo, ca va bien? Shije, oui, je me sens good » (faisons dans la caricature horrible).
humhum…pour en rajouter une couche, je dirai que cela m’arrive encore très souvent…avez vous déjà essayé de prononcer allumettes en allemand (Streichholzen) en tant qu’expatriée fraichement débarquée? Ca a donné:
Moi – « Ich möchte streicheln (genre la fille qui se souvient déjà plus du mot qu’on lui a dit 10 secondes avant, donc qui adjoint le geste à la parole pour se faire comprendre..je vous laisse imagine le geste pour décrire une allumette…)
Le serveur – Sind Sie französin? (en me tendant les dites allumettes et avec un grand sourire)
Moi (toute fière de m’être fait comprendre et avec un grand sourire aussi)- Ja!! »
Voilà pour un lapsus particulièrement gênant (une fois que j’eus compris ma maladresse) qui a certainement contribué à alimenter le clichés des francaises libidineuses.
Ahahhahahaaha! J’adore :). Bon, t’inquiètes, on a toutes eu des moments de grande gêne comme ça (je ne ferai pour ma part aucune révélation, j’ai fait dans le niveau encore au-dessus -au moins en termes de traumatisme…). Je crois qu’il faut vivre avec (et ne pas oublier son briquet à l’avenir).
Et moi en joueur invétéré de squash et de badminton (pendant l’hiver), il m’a fallu 5 fois pour retenir comment on dit « une raquette » en allemand (« ein Schläger »). À chaque fois je me pointais en demandant pour mon partenaire de jeu « eine Raquette » en me disant que ça va passer, alors bien sûr ça passe car j’étais dans un club de badminton après tout, donc la femme à l’accueil savait que je ne voulais pas vraiment « ein Rakete » pour voyager dans l’espace… mais elle se foutait bien de ma gueule quand même ! Maintenant je crois que c’est bon, elle ne me rira plus au nez !
Il y a des mots comme ça, on les connaît, mais ils ne viennent pas. Et des gens comme ça qui ne te loupent jamais, même en (re)connaissant toute ta bonne volonté. J’ai une récurrente en ce moment: « Kannst Du schnell gucken und mir helfen? » pour « Kannst Du kurz gucken und mir helfen? ». Ou comment se faire passer pour une grande stressée de la vie…Enfin bref.
@ Sarah: bonjour Sarah, merci pour ton passage!